Eliksa Junkova  

(Elisabeth Junek)

(1900-1994)

Issue d'une famille de 8 enfants, elle est surnommée "Smisek" en raison de son sourire omniprésent. À son époque, la Moravie fait partie de l'Empire austro-hongrois et après la première guerre mondiale, elle fut intégrée à la République de Tchécoslovaquie, ce qui lui permit de se trouver un travail dans une banque grâce à ses compétences linguistique car elle était une grande voyageuse. C'est à ce moment qu'elle rencontre son futur époux, Vincenc "Cenek" Junek, qui était un banquier ambitieux et partageait sa fascination pour la vitesse.

Son métier lui permit de s'établir à Brno, Prague, Gibraltar et Paris où son époux devint suffisamment riche pour se consacrer à la course automobile. Vincenc débuta sa carrière et remporta la course de côte de Zbraslav - Jiloviste en 1922 tandis que Eliksa suivait clandestinement des leçons de conduite afin d'obtenir son permis. Sa passion lui vint en conduisant et elle appréciait particulièrement les Bugatti.

Ils participèrent ensembles au Grand Prix Automobile de France en 1922 après l'acquisition d'une Mercedes et d'une Bugatti Type 30. Au début elle était mécanicienne mais une blessure à la main de son mari survenu lors de la première guerre mondiale, l'empêchait à ce moment d'être efficace pour les changements de vitesses. C'est à ce moment que la carrière d'Eliksa débuta en le remplaçant. Elle pilota seule à Lachotin - Tremosna et gagna dans la catégorie GT et devint une célébrité. Elle remporta également la course de côte Zbraslav - Jiloviste en 1925 et le couple acheta une seconde Bugatti pour fêter l'évènement. En 1926, elle atteint un niveau lui permettant de se mesurer aux meilleurs pilotes masculins en Europe. Elle fut surnommée "La reine du volant" et son prénom fut anglicisé pour devenir Elizabeth. Elle termina deuxième dans la course de côte du Col du Klausen en Suisse puis disputa la Targa Florio où elle gagna encore en respect malgré son abandon. Eliksa fut l'une des premières à parcourir un circuit à pied afin de repérer les meilleures lignes de course, ce qui est une grande marque de professionnalisme.

En 1927 elle remporte le Grand Prix d'Allemagne au Nürburgring dans la catégorie 2 litres, ce qui fait d'elle encore actuellement, la seule femme à avoir remporté un Grand Prix dans l'histoire de la course automobile. En 1928 elle participe à nouveau à la Targa Florio dans une Bugatti Type 35B et s'illustre en passant en première place après avoir dépassée Louis Chiron. Elle termine cinquième car elle a subit divers problèmes lors du dernier tour mais elle termina tout de même devant 25 pilotes renommés dont Luigi Fagioli, René Dreyfus, Ernesto Maserati et le non moins célèbre Tazio Nuvolari.

Sa carrière allait bon train jusqu'au Grand Prix d'Allemagne 1928 alors que son mari se tua lors d'une sortie de piste après l'avoir remplacée au volant. Elle en fut tellement bouleversée qu'elle abandonna la course automobile et vendit ses voitures pour se consacrer à son autre passion, les voyages. Ettore Bugatti l'engagea et lui offrit une nouvelle voiture pour qu'elle puisse faire la promotion des Bugatti en Asie.

Elle se remarie peu après la seconde guerre mondiale mais le nouveau régime communiste désapprouve son style de vie bourgeois et l'empêche de voyager principalement entre 1948 et 1964. À ce moment elle fut oubliée du monde de la course automobile jusqu'en 1989 où elle fut invitée d'honneur à un évènement Bugatti aux États-Unis malgré le déconseille de son médecin car elle était âgée à ce moment de 88 ans; ce qui démontre sa détermination.

Elle décéda paisiblement le 5 janvier 1994 à Prague à 93 ans non sans avoir vu tomber le régime communiste dans son pays.