Le moteur
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Comme
je l’ai déjà dit plus tôt, le moteur d’une F1 fonctionne sur le même
principe qu’un moteur conventionnel à 4 temps mais il est beaucoup plus
sophistiqué. On recherche surtout de la puissance mais il faut que ces
moteurs soient souples et qu’ils aient un encombrement et un poids qui
sera le plus petit possible car 30 kilos de plus équivaut à environ une
seconde au tour de plus. Le
moteur est caractérisé par sa courbe de puissance en fonction du régime.
Le régime moteur est la vitesse de rotation du moteur. On peut placer le
régime au maximum que le moteur peut fournir, sachant que plus le régime
est élevé, plus le moteur est puissant, mais moins il est fiable. Le
couple est une donnée qui caractérise un moteur. Il varie en fonction du
régime. La courbe ainsi obtenue est définie par les caractéristiques
internes du moteur (cylindrée, richesse du mélange, forme des cylindres,
etc.). La puissance du moteur n'est que le produit du couple par le régime.
Mais pour bien comprendre il faut expliquer les grandes différences entre
le moteur de F1 et celui qui équipe les voitures se série. 1-
Le moteur d’une F1 est situé à l’arrière versus à l’avant
pour la majorité des voitures conventionnelles, afin de réaliser le
meilleur équilibre possible de la voiture. Tout cela à cause des forces
G et de l’aérodynamisme qui l’exige. Il est tout de même le plus
proche possible du pilote, donc du centre de la voiture car il est suivi
de la boîte de vitesse et du différentiel. Il doit être aussi le plus
bas possible à cause du centre de gravité. Le tout est boulonné
ensemble (moteur, boîte de vitesse, différentiel) afin de créer un
pseudo châssis (le véritable châssis se termine juste avant le moteur)
qui est boulonné au véritable châssis avec seulement 4 boulons. Tout
cela afin de gagner du poids. 2-
Les alliages ne sont pas les mêmes : on utilise surtout
l’acier pour les moteurs conventionnels tandis que l’on utilise
l’aluminium, le titane, le magnésium, le béryllium (interdit par la
FIA depuis 2001) et le carbone pour les moteurs de F1. Ce sont donc des métaux
nobles qui ne subissent pas ou à peu près pas de dilatation ou de déformation
(en tout environ 20 métaux différents). Tout cela est bien sûr très coûteux
et on doit les utiliser à cause des conditions extrêmes que subissent
ces moteurs. 3-
On a un moteur V10 comparativement à des V6 ou V8. Le V10
n’existait pas auparavant, il fut créé pour palier au manque de
puissance en développement des V6 et V8 et aussi parce que le V12 était
trop lourd et encombrant. Ils ont une capacité maximale de 3 litres de
cylindré qui représente le volume balayé par le mouvement de
va-et-vient des 10 cylindres dans le moteur. Les moteurs conventionnels
n’ont pas de limite. Tout cela fait en sorte qu’un V10 de F1 est plus
petit tout en ayant la même longueur qu’un V6 conventionnel mais il développe
plus de 800 CV contre 270 CV et il tourne à plus de 18 000 tours/minute
contre 6000 tours/minute pour un moteur conventionnel. La différence est
énorme et on comprend mieux pourquoi on utilise ces métaux et pourquoi
ils valent si cher. 4-
Les soupapes ne sont plus rappelées par des ressorts car on
s’est rendu compte qu’après 12 000 à 13 000 tours/minute, les
ressorts s’affolaient et cassaient. Il a donc fallut adopter un système
de valves de rappel à air comprimé. 5-
Dans les moteurs de Formule 1, le régime du moteur empêche
l'utilisation d'une courroie traditionnelle pour la distribution.
La technique trouvée est cependant beaucoup plus efficace: il s'agit de
plusieurs pignons qui permettent une meilleure synchronisation. 6-
L’angle et la position des injecteurs doit être très précise et est
contrôlé électroniquement. La différence ici se situe surtout au
niveau du mélange air-essence car l’essence utilisée en Formule
1 doit être plus riche pour permettre une meilleure combustion, et la
chambre de combustion doit être conçue de manière à ce que cette même
combustion se fasse le plus rapidement possible pour qu’il n’y ait
aucune perte, et pour qu’elle puisse fournir la puissance maximale. 7-
Sachant que les frottements réduisent de près d'un tiers la puissance
des moteurs, les ingénieurs tentent de les limiter au maximum. Pour cela,
ils emploient des pistons très courts, ainsi qu'un lubrifiant beaucoup
plus efficace qu'en grande surface. Les concepteurs de F1 ont du
demander aux compagnies pétrolières de créer une huile plus résistante à
la chaleur mais cela n’était pas suffisant. Ils ont du utiliser un
radiateur d’huile pour la refroidir à cause des très hautes températures
du moteur. 8-
Pour optimiser la fréquence des vibrations du moteur, les ingénieurs
jouent sur la longueur des conduits d'admission et d'échappement.
Une fois maîtrisées, elles permettent un meilleur remplissage, ainsi
qu'un meilleur échappement.
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10-
Le carter d’huile est absent (carter sec). Le tout est composé
d’un réservoir d’huile qui se situe entre le moteur et la boîte de
vitesse, une pompe envoie l’huile dans le moteur en passant par des
conduits et il y a une autre pompe qui renvoie l’huile vers le réservoir
en passant par le radiateur d’huile afin de le refroidir. 11-
L’alternateur ou dynamo est beaucoup plus petit car la batterie
est beaucoup plus petite (de la grosseur de celle d’une moto) et est
plus performant pour produire du courant. On l’aurait même éliminé
dans certains moteurs pour l’intégrer au moteur lui-même. On ne sait
pas comment car ce fonctionnement demeure ultra secret comme beaucoup de
choses en F1. 12-
Les gaz
brûlés s'échappent par deux tuyaux latéraux reliant toutes les
soupapes d'échappement. Il n'y a pas de pot d'échappement car cela ralentirait la puissance du moteur. Les gaz sortent
donc très chauds des échappements. Plusieurs Formule 1 sont équipées
d'échappements vers le haut pour ne pas endommager les suspensions des
roues arrières à cause de la chaleur dégagée. 13-
Le démarrage
d’une voiture conventionnelle se fait à partir d’un démarreur électrique
actionné par une clef, tandis que le moteur d’une Formule 1 doit être
démarré à l’aide d’un vilebrequin pneumatique ou électrique que l’on
fait pénétrer
par l’arrière, et seul un ingénieur qualifié doit pouvoir le faire. 14-
L’anti-patinage en Formule 1
est beaucoup plus complexe et la plupart des voitures conventionnelles ne
la possède pas. Par définition l’anti-patinage est un système relié
au système de freinage antiblocage, qui empêche le patinage des roues
motrices à l'accélération, soit en agissant sur le système de freinage
antiblocage lorsqu'une seule roue patine, soit en intervenant sur la
fermeture du papillon des gaz, sur l'allumage et/ou sur l'injection
lorsque les deux roues patinent. En
Formule 1, les freins antiblocage sont interdits, donc, l’anti-patinage
est géré électroniquement en contrôlant la vitesse de rotation des
roues en accélération (au départ et en sortie de virage). Ce système
est également sensible lorsqu’une roue arrière perd de l’adhérence;
à ce moment précis, le système anti-patinage coupe un ou plusieurs
cylindres afin de rétablir la traction, et cela si rapidement que le
pilote ne s’en rend pas compte. Une autre chose importante, ce système
contrôle les changements de vitesses (le pilote n’a plus à
intervenir). On parle donc ici du contrôle du moteur car tout mouvement
part de là. Pour
certains, l’anti-patinage ne viendra pas révolutionner le pilotage, car
il se fait sentir uniquement à des moments très précis; comme le
passage dans les virages serrés où il n’influencera qu’une seule
section : la deuxième, du point de corde à la sortie, lors de la réaccélération
en aval du virage. La vitesse de passage au point de corde est celle qui a
le plus d’influence sur les temps au tour, et l’anti-patinage n’y
pourra rien selon certains. Mais étant donné que les logiciels internes
contrôlent les changements de rapport de la boîte de vitesse, les
erreurs de pilotage en amont des virages seront éliminés. D’autres
pensent que c’est dans les grandes courbes que l’anti-patinage est le
plus efficace, lorsque la voiture devient instable et que le pilote
inconsciemment lève légèrement le pied, lui faisant perdre du temps.
L’aide électronique permet au pilote de se sentir suffisamment en
confiance dans la courbe pour garder le pied à fond. Beaucoup de gens, dont certains pilotes comme Olivier Panis, croient que ce système diminuera la sensibilité des pilotes, la façon de sentir le véhicule, car à peu près tout est automatique. En fait, plus l’électronique prend de l’importance, moins le pilote en a. On pense même un jours considérer la voiture et non pas le pilote pour les qualifications, et donner plus d’importance au championnat des constructeurs plutôt qu’au championnat des pilotes. Une bonne réflexion est à faire. 15-
Une
dernière chose importante est l’endurance du moteur. Un moteur
conventionnel est fait pour durer toute la vie du véhicule tandis qu’un
moteur de Formule 1 est fait pour durer une course tout au plus, et très
souvent, ces moteurs ne durent que quelques tours. En fait, on les pousse
tellement à fond que malgré la haute technologie avec laquelle ils sont
construits, l’étanchéité des pistons interne (piston au autre) lâche
et c’est là que l’on voit ces gros nuages de fumée qui signifient
que l’huile s’échappe du moteur. Sans huile à ces grandes températures,
le moteur ne tient que quelques secondes.
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