Corre - La Licorne  

(1901-1949)

 

En 1901, la Compagnie Française des Automobiles Corre fut fondée par J. Corre. La première voiture de la firme fut une voiture de course car la compétition était la seule publicité de l'époque, et cela, M. Corre l'a compris rapidement. Cette voiture n'avait rien d'extraordinaire mais elle était robuste et bien conçue. L'équipe est jeune et les résultats se font attendre mais le propriétaire est du type têtu et il redouble d'efforts.

Leur première victoire survient à la fin de 1901 sur le circuit des Ardennes, avec une vitesse moyenne de 53,5 km/h et termine avec une heure d'avance sur ses adversaires.

Gonflé à bloc, Corre décide de lancer sur le marché des voitures de tourisme qui ont le malheur de ressembler étrangement aux Renault de l'époque. La firme est donc poursuivie pour plagiat, et le procès durera cinq ans, ce qui mettra l'entreprise sur la paille. Corre décide donc de vendre la firme en 1907 à Firmin Lestienne qui est un homme financièrement puissant.

La nouvelle firme est donc baptisée Corre-La Licorne, en hommage à l'animal mythique qui figure sur les armoiries de famille du nouveau propriétaire. Petit à petit, le nom de Corre disparaîtra et l'on nommera à la fin les voitures que sous le nom de La Licorne.

La nouvelle société se lance dans la production de voitures de tourisme et propose huit modèles de châssis pour le salon de 1908. Deux monocylindres de 5 et 8 HP, et six 4 cylindres de 5, 8, 10, 12, 18 et 30 HP, tous équipés d'un moteur De Dion-Bouton. D'emblée, ces châssis se caractérisent par une mise au point particulièrement soignée. La compétition n'est pas pour autant délaissée, plusieurs voiturettes étant engagées dans diverses courses. Collomb, pilote officiel La Licorne pendant près de 20 ans, terminera ainsi 5ème à la Coupe des Voiturettes en septembre 1908 et Waldemar Lestienne gagnera la course de côte de Château-Thierry à la fin de cette même année sur une voiture strictement de série.

En 1909, la firme sort des nouveaux modèles de 10, 12, 14 et 30 HP, et elle dépose plusieurs brevets dont un séduisant dispositif de refroidissement pour moteurs ainsi qu'une originale pédale accélératrice ou retardatrice pour moteurs d'automobiles. L'année suivante, la gamme s'élargit encore, on note l'apparition d'un nouveau moteur 10 HP de type monobloc à 4 cylindres verticaux qui s'impose au Tour de France de 1912 et 1913.

Par la suite, la gamme est enrichie par de nouveaux modèles équipés de 4 cylindres Chapuis-Dornier et Ballot de 2,1 et 1,3 litres. Certes, la puissance n'est pas toujours au rendez-vous et les détracteurs de la marque ont beau jeu de se moquer des performances moyennes des La Licorne. Mais la robustesse et la fiabilité de ces autos compensent largement un manque évident de puissance.

Malgré la guerre et des déboires dans les années 1910, La Licorne persiste et engage une voiturette conçue en 1914 par l'ingénieur Causan, mais réactualisée pour la circonstance, dans la Coupe Internationale des Voiturettes de 1920 qui se dispute au Mans. Si Friedrich l'emporte sur Bugatti, Collomb abandonne sur rupture d'embrayage en ayant toutefois démontré que sa voiture semblait plus rapide que les "pur sang" de Molsheim. Animé par un nouveau moteur à 4 cylindres et à 4 soupapes inclinées par cylindre, et commandé par deux arbres à cames placés dans le carter, la voiturette s'affirme comme la plus rapide du monde. Ce qui n'est pas si présomptueux puisqu'elle s'adjuge plusieurs victoires et records, dont le kilomètre lancé à plus de 108 km/h.

La Licorne développe en même temps des véhicules utilitaires comme des camionnettes, des camions et des autobus.

Dans les années qui suivent, La Licorne s'appuie essentiellement sur son moteur 10 HP dont les évolutions sont régulièrement testées dans les épreuves d'endurance. C'est ainsi qu'aux 24 heures du Mans de 1924, trois torpédos W16W4 équipés du nouveau moteur SCAP 4 cylindres à culbuteur de 1500 cm3, et appelés 10 CV Sport, sont sur la ligne de départ. Elles abandonnent toutes les trois mais elles prennent leur revanche en remportant les 24 heures de Belgique.

Les deux années suivantes, La Licorne réitère ses engagements aux 24 heures du Mans mais sans grand succès. La 10ème place du Type W16W4 en 1926 et l'abandon des deux autres voitures équipées du nouveau moteur maison élaboré par Causan, marquent le coup d'arrêt final à leur division compétition.

La Licorne participera cependant au Tour de France auto pour faire briller ses voitures. À l'image du formidable tiercé de 1925, les trois La Licorne termineront l'épreuve en tête, à 4 mètres l'une de l'autre. Elles participeront également aux courses de vitesse, et en 1927, le nouveau modèle 1500, 6 cylindres, 2 arbres à cames en tête (toujours dessiné par Causan) s'octroie plusieurs victoires et s'offre même le luxe de battre les records du tour, grâce à sa vitesse de pointe supérieure à 165 km/h.

Par la suite viendra la grande crise économique et la seconde guerre mondiale qui affecteront profondément l'entreprise. Elle tiendra tout de même le coup jusqu'en 1949, date à laquelle la firme disparaîtra.

 

Corre - La Licorne de 1910

 

Page d'accueil

 

Menu principal

Tableau des vielles pionnières