La Buire  

(1905-1930)

 
La Société Anonyme des Automobiles La Buire fut officiellement fondée le 6 mai 1905 et fut dirigée par MM. Gros, Berthier et Audibert.

Dès le départ, les voitures La Buire sont engagées en compétition et se distinguent particulièrement dans les courses de côtes, démontrant de réelles qualités de grimpeuses. Victoires à Montreux, à Lyon, au Mont-Ventoux, au Meeting de Provence, à Aix-les-Bains ou encore au Circuit de Tourisme de l'Automobile Club du Nord.

Mais c'est surtout le silence qui caractérise les voitures La Buire. Les ingénieurs maison ont véritablement innové et conçu une nouvelle boîte de vitesse entièrement montée sur roulement à billes avec une forme particulière des pignons de façon à rendre le fonctionnement de la boîte le plus silencieux possible. Au niveau du moteur, les engrenages de distribution ont également été revus et leurs très larges dents en fibre roulent sans bruit sur le pignon de commande.

Des solutions originales et séduisantes, très justement récompensées par une médaille d'argent à l'Exposition Internationale de Milan de 1905, et le 28 décembre de cette même année, une La Buire est lauréate du concours de voitures de ville organisé à l'occasion de l'Exposition à Paris, la sélection étant principalement axée sur la régularité de marche et la consommation.

Ces succès permettent à la firme de fabriquer une 15/20 HP, 24/30 HP, 35/50 HP et une luxueuse 80/100 HP de 13,6 litres. De nouvelles victoires et places d'honneur en course renforcent le palmarès de la marque qui réalise des ventes record.

Par la suite, les nouveaux châssis présentés au Salon de l'Olympia à Londres sont équipés d'un essieu arrière avec transmission par cardans breveté La Buire qui permet, pour la première fois, de carrosser les roues arrières.

Rien ne semble pouvoir alors arrêter l'ascension fulgurante des automobiles La Buire. En compétition, les victoires succèdent aux places d'honneur, comme en cette année 1907 avec une seconde place à la Coupe de la Commission Sportive, derrière une Darracq, la victoire à la Coupe de la régularité et les 4ème et 5ème places au général.

Ces performances accroissent évidemment la réputation de la marque qui construisit 400 châssis lors de cette année, tout en multipliant les innovations avec l'apparition d'engrenages coniques à doubles roues dentées, d'un embrayage à disque en métal spécial qualifié d'indéréglable et d'un nouveau carburateur breveté sur lequel tous les réglages peuvent être effectués sans le moindre démontage.

La progression de l'entreprise ne s'arrête pas là car l'administration de la Compagnie des Transports des Postes de Paris choisit les voitures La Buire pour assurer le service des transports postaux de la capitale française, en remplacement des anciennes voitures électriques. Les premiers exemplaires sont mis en service au mois d'avril 1908 et le conseil d'administration s'assure d'un contrôle absolu sur ses véhicules.

Dans le même temps, une 6 cylindres maison grimpe le petit raidillon à 35 % qui rejoint le terre-plein du Sacré-Coeur devant une foule considérable de parisiens. Pour prouver ainsi aux citadins médusés les qualités de grimpeuse des voitures La Buire que l'on a vite qualifiées de "montagnardes", il y eut une nouvelle victoire au Mont Ventoux. Cela s'explique en partie par les essais prolongés sur les dures routes des Alpes dont bénéficient toutes les autos avant leur commercialisation.

Par ailleurs, les voitures La Buire se défendent également très bien sur le plat et la presse se fait l'écho de "l'exploit" du directeur de l'agence parisienne qui, au mois de juillet, devance de 42 minutes le train rapide sur la liaison Paris-Dieppe. Un périple effectué en un peu plus de deux heures, à 81,81 km/h de moyenne. Une voiture identique gagne peu après la course Bordeaux-Royan, une autre s'impose au Meeting de Provence et de nombreux amateurs s'illustrent dans des petites épreuves locales, accentuant la réputation de la marque lyonnaise.

Cependant, une mauvaise gestion de l'entreprise provoque de graves erreurs de jugement et la firme doit arrêter la production momentanément. Ce fut un arrêt bref car l'ancien directeur technique, M. Berthier, prends l'affaire en main et fonde en 1910 la Société Nouvelle de La Buire Automobile.

Sous l'impulsion de l'ingénieur Baron, les nouvelles voitures La Buire bénéficient des tous derniers perfectionnements, d'une plus grande simplicité de fabrication et d'une facilité accrue de démontage et d'accessibilité à tous les organes. Le nouveau bloc moteur est désormais avec soupapes en L, l'embrayage est à disques multiples et l'arbre à cames est entraîné par chaîne.

Cette dernière innovation brevetée par La Buire, est ensuite appliquée à l'ensemble de la gamme qui se compose alors de trois 4 cylindres de 10, 14 et 25 HP et d'une 6 cylindres de 20 HP. À noter également une nouvelle boîte avec enclenchement de la prise directe sans débrayage, un pont avec son différentiel déplacé sur l'arbre moteur et un graissage du moteur par barbotage à niveau constant. La Buire étant l'une des premières marques à adopter ce dernier système.

Malgré une diminution de la participation en compétition dû à un manque budgétaire, La Buire engage en 1911 deux voitures 4 cylindres, strictement de série, dans la course St-Pétersbourg-Sébastopol. Au terme des 3500 km de routes difficiles, et face à 63 concurrents, les deux autos s'imposent sans avoir reçu la moindre pénalisation.

Un succès de plus qui renforce l'image de marque de l'entreprise qui sort l'année suivante un nouveau châssis 8 HP avec un radiateur arrondi, généralisé sur tous les modèles à partir de 1914, une nouvelle suspension sur certains châssis et des freins sur la transmission montés sur engrenages cette fois à l'arrière du différentiel. Ce dernier perfectionnement se retrouve sur les modèles 14/18 HP et 20/22 HP qui possèdent alors quatre pédales, une pour le débrayage, une pour le frein sur roues, une pour le frein sur différentiel et une pour l'accélérateur. De quoi faire une gigue en conduisant.

1913 voit également son lot d'innovations avec, fait assez rare à l'époque pour être signalé, un démarreur installé sur la 15 HP; et un nouveau système ingénieux d'amortisseur qui prend en compte le poids du châssis et les oscillations des ressorts pour absorber au maximum les chocs de la route. Les voitures ont encore deux freins à pédales, le second étant maintenant relié aux tambours des roues arrières, une caractéristique que reprendront de nombreuses marques françaises après la guerre.

La firme produit alors le Type 11A, une 12 HP avec suspension cantilever et radiateur coupe-vent, certainement le modèle le plus connu de la marque. C'est une version torpédo à six places de ce type qui s'impose dans la course Nancy-Strasbourg, l'une des rares épreuve d'après-guerre à laquelle prend part un modèle La Buire.

Il faudra attendre 1922 pour que la marque renoue véritablement avec son passé sportif lorsqu'un pilote amateur, Porporato, triomphe au volant de la nouvelle 14 HP à chaque course de côte auquel il participe. Il gagnera à Limonest, Planfoy, Alpilles, Faucille, et plus encore. Ce nouveau Type 12A prévu pour épauler la 12 HP est imbattable mais, si chaque victoire est synonyme d'une publicité flatteuse, les ventes ne parviennent pas à décoller et la trésorerie est au bord du gouffre.

La firme sort en 1924 le Type K, une 8 HP quatre cylindres dont la production se révèlera très éphémère. La Buire engage quatre voitures au Grand Prix de Lyon, cependant, on ne retiendra de leur participation que la forme profilée, mais néanmoins élégante de la conduite intérieure.

1925 verra apparaître le Type 12B, une 15 HP à 4 cylindres avec une cylindrée de 2860 cm3. Sa seule particularité est qu'elle offre un levier de vitesse central.

Vaincu par la crise économique, le sous-équipement, le manque d'impulsion et d'innovation depuis le départ de M. Berthiet, et surtout à cause d'une mauvaise gestion congénitale et tenace, la firme fermera ses portes en 1930. La Buire appartient désormais au passé mais le monde de l'automobile lui doit beaucoup.

 

Première voiture La Buire

La Buire

La Buire Phaeton

 

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