Tucker
(1946-1948) |
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Cette
firme fut fondée par Preston Thomas Tucker en
1946 sous le nom de "Tucker Corporation". Même
si l'entreprise n'a vécue que deux ans, elle a créée une véritable tempête
dans le monde de l'automobile avec sa vision futuriste et ses innovations. Preston Tucker est un inventeur né. Il grandira dans le monde de l'automobile et son rêve était de créer son propre modèle. Il débutera sa carrière comme vendeur, puis il va s'associer avec le célèbre concepteur Harry A. Miller pour créer la firme Miller-Tucker inc. en 1935, afin de concevoir des voitures de course destinées au circuit d'Indianapolis pour la compagnie Ford. Ensembles, ils ont fabriqués 10 voitures Miller-Ford, mais la grande multinationale a jugée les voitures inadéquates et a mit fin à son association avec les deux hommes. Durant la deuxième guerre mondiale, Preston Tucker a conçue une automitrailleuse ultrarapide qui pouvait atteindre 187 km/h, munie d'une tourelle électrique et d'un climatiseur. Le projet fut rejeté parce qu'en étant un véhicule d'assaut, l'automitrailleuse ne devait pas excéder la vitesse de 50 km/h. Cependant, la tourelle électrique fut retenue et elle équipa la plupart des bombardiers américains comme les B29. Il les fabriquaient dans son garage résidentiel. C'est après la seconde guerre mondiale que Tucker décida de mettre son rêve à exécution, car selon lui, ce que les américains désiraient le plus après ces années de privation, c'était une nouvelle voiture très révolutionnaire mais à bon prix. Il décida de faire appel au financier Abe Karat afin de trouver des fonds pour lancer son affaire, car pour fabriquer un prototype, on estimait à $50 000 la somme nécessaire pour le produire. M. Karat réussit à recueillir un financement adéquat en trouvant un homme de confiance pour diriger l'entreprise. Cet homme était Robert Bennington, l'ancien vice-président de Ford. Il a fallu émettre des actions et trouver une usine qui était un complexe gigantesque conçue pour y fabriquer des B29, fournie par le gouvernement américain, composée de 16 grands bâtiments dont le plus gros mesurait 1500 m de long, sur une surface totale de 120 hectares. C'était la plus grande usine automobile au monde. Tout ce qu'il fallait à l'entreprise pour prendre officiellement possession de l'usine, était de posséder un capital de $15 millions et de produire 50 voitures dans l'année suivante. Étant donné que Tucker ne possédait pas suffisamment de capital pour mettre en marche son projet, il fallait qu'il attire l'attention des investisseurs et il eut la brillante idée de lancer un battage publicitaire dans les revues spécialisées qui décrivait les caractéristiques la voiture, et le slogan était "The car of tomorrow today" (la voiture de demain aujourd'hui). L'engouement du public fut tellement fort que Tucker reçu des dizaines de milliers de lettres demandant où on pouvait se procurer cette voiture, ce qui attira l'attention tant désirée par Tucker. Comme vous le constaterez au paragraphe suivant, Preston Tucker avait à coeur la sécurité des passagers. Il disait que si jamais quelqu'un se tuait au volant d'une Tucker, il ne se la pardonnerais jamais. Les caractéristiques de la voiture étaient les suivantes :
Tout se présentait bien sauf que, ce qu'ignorait M. Karat, c'était qu'il n'y avait aucun prototype de construit. Ce fut la plus grave erreur de Tucker, car elle a entraînée une réaction en chaîne qui devait mettre fin prématurément à la vie de l'entreprise. Normalement, il fallait 9 mois entre la conception du modèle et du prototype, mais avec l'aide du designer Alex Tremulis, un ancien du groupe Auburn-Cord-Duesenberg, il réalisa ce tour de force en 100 jours mais la voiture ne ressemblait en rien à ce qui avait été prévu. Composée par des éléments provenant d'un ferrailleur, la voiture possédait un moteur arrière mais retravaillé et très lourd, une transmission provenant d'une Cord 810 qui ne possédait pas de marche arrière, il fallait deux batteries de 12V pour pouvoir fournir la compression suffisante pour le moteur (un poids de près de 70 kg), et l'arrière était tellement lourd qu'il fallait des cales pour empêcher la suspension d'écraser, afin de permettre aux roues arrières de rouler. Même s'il ne fallait que la montrer au public lors de la prise en possession de l'usine, il y eut des fuites et les journalistes ont déclarés que la voiture n'était qu'une fraude monumentale et l'on ainsi baptisée "The Tin Goose" (la petite oie ou canard boiteux) pour faire référence à l'avion d'Howard Hughes à 8 moteurs qui n'a jamais volé et que l'on a baptisé "The Spruce Goose" (L'oie pimpante ou orgueilleuse). Malgré la mauvaise publicité, Tucker décida de se mettre sérieusement à la tâche et de fabriquer la voiture promise. Mais les trois grands de l'automobile (Ford, GM, Chrysler) ont vu le danger que cette voiture représentait pour eux et ils ont décidé, non officiellement, de mettre un embargo sur la compagnie Tucker afin qu'ils ne puissent pas trouver suffisamment d'acier et d'argile pour la fabrication des modèles. C'est ainsi qu'entre en jeux le célèbre Howard Hughes qui lui permet de prendre possession d'une usine qui fabrique des moteurs d'hélicoptères Franklin en aluminium et qui peut lui fournir tout l'acier et l'argile qu'il veut. Preston Tucker réussit à fabriquer sa voiture malgré les embûches et la mauvaise collaboration de Robert Bennington qui voulait abandonner presque tout le projet initial, dont le moteur arrière, qui selon lui et les ingénieurs de l'époque, était une chose irréalisable. La plupart des caractéristiques ont été incluses sauf pour les injecteurs, les freins à disques, les soupapes hydrauliques et la transmission automatique. Le seul défaut de cette voiture était qu'étant donné son poids plus grand à l'arrière, elle devenait survireuse dans les virages pris à grande vitesse, mais c'est le lot de la plupart des voitures à moteur arrière. Les caractéristiques définitives de la voitures étaient les suivantes :
La voiture étant un succès, les trois multinationales avec l'aide du sénateur du Michigan, ont décidé d'organiser un procès (non officiellement) qui avait pour but de discréditer Preston Tucker. Ce qui a motivé ce geste de la part des multinationales était le fait que pour suivre le rythme imposé par la Tucker, il aurait fallut investir des milliards de dollars. Il y eut donc une enquête ouverte par la SEC (Security Exchange Commission, ou Commission Spéciale de la Bourse), qui tenta de prouver que la Tucker était une fraude. Le procès dura plusieurs mois et Preston Tucker fut acquitté, faute de preuves. Mais le mal était fait car Robert Bennington ferma l'usine qui fut reprise par le gouvernement pour y fabriquer des logements préfabriqués, malgré le respect de la clause du contrat qui demandait de produire 50 voitures avant 1 an. Les investisseurs se retirèrent et les actions furent vendus à 18 cents du dollar. Manque de fonds, la firme Tucker ferma définitivement ses portes en 1948. 51 voitures, incluant le prototype, furent produites et 46 existent encore aujourd'hui. Preston Tucker tenta de relancer un projet de voiture au Brésil, mais il mourra du cancer des poumons le 26 décembre 1956. C'est ainsi que mourut un homme qui changea à jamais le monde de l'automobile malgré une présence très brève, car la plupart de ses innovations, même celles rejetées, font partie intégrante des voitures d'aujourd'hui. |
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Tableau des vielles pionnières | |
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