Enzo Ferrari

En plus de consacrer 70 ans de sa vie à ce sport, Enzo Ferrari est impressionnant par son palmarès et son endurance. Il le fut aussi par son charisme et ses éternelles lunettes fumées. Solitaire, orgueilleux, despotique, autant d'adjectifs souvent utilisés pour illustrer cette forte personnalité, forgé par une jeunesse difficile qui le vit perdre son père et son frère aîné la même année.

Le jeune Enzo réalisera pourtant son rêve de devenir pilote avant d'admettre qu'il était plus doué pour faire courir les autres, sur les Alfa Romeo de la Scuderia portant son nom. Ce n'est qu'après la seconde guerre mondiale, à près de 50 ans, qu'il crée enfin sa propre marque. À défaut de diplôme, Ferrari a de l'intuition. Son grand talent n'est pas de concevoir des voitures, mais de réunir autour de lui des hommes compétents et d'en tirer le meilleur parti. Il résiste même au contrôle national durant la seconde guerre mondiale et garde son indépendance malgré sa participation dans la fabrication de pièces d'autos et d'avions. Il participe tout de même avec Alfa Romeo à la compétition entre les voitures de course allemandes Mercedes et Auto Union qui étaient les meilleures au monde, et les autres voitures européennes avec les modèles P2 et P3 avec qui il aura du succès.

L'après guerre sera difficile et il devra fabriquer des machines-outils avant de créer sa première vraie Ferrari en 1947, le modèle 125S. Il adoptera l'emblème du cheval cabré noir sur fond jaune qui provient de son grand ami Francesco Baracca, qui était un pilote de chasse héroïque durant la première guerre mondiale. Ce sigle était peint sur son avion, un SPAD S XIII, et provenait d'un avion de chasse allemand qu'il avait abattu. La comtesse Paolina Baracca fit cadeau de cette emblème à Enzo Ferrari pour lui porter chance. Il modifiera le cheval pour lui donner une courbe d'étalon. Le jaune représente sa ville natale de Modène tandis que le rouge auquel les gens ont tendance d'associer avec la marque, représente la couleur que l'on donnait à toutes les voitures italienne par convention.

C'est à ce moment que l'aventure d'Enzo Ferrari avec sa grande réputation commence avec les gens qui l'entourent.

Parfois il y a des tragédies : des ingénieurs partent, des pilotes meurent. On accusera souvent Ferrari d'en être responsable. Même le Vatican s'en mêlera ! Mais le plus grand drame de sa vie arrive en 1956 lorsque la maladie lui enlève son fils Dino, qui devait lui succéder. C'est à partir de ce moment que le Commendatore cessera d'assister aux courses, se drapant dans sa douleur, son mystère et un prestige alimenté par d'innombrables succès.

Reclus dans son bureau de Maranello où sur sa piste privée de Fiorano, il reçoit avec courtoisie les grands de ce monde, mais refusera toujours de vendre son entreprise.

Malgré sa réputation d'homme froid et austère, il aura à plusieurs reprises une affection quasi paternelle pour certains pilotes comme Alberto Ascari, Peter Collins et Gilles Villeneuve dont il dira qu'il était le seul pilote à détruire ses voitures à chaque course, car il les exploitaient au maximum. Tous ces pilotes furent tués au volant de ses voitures.

Enzo Ferrari n'était pas seulement un constructeur d'automobiles obsédé par le progrès technique, mais aussi un général qui envoyait ses hommes au combat. Assurément, il n'était pas un ange, mais il faut lui rendre cette justice : jusqu'à son dernier souffle, il a brûlé d'une passion sincère pour la course automobile. Sans lui, la passion des italiens pour la Formule 1 ne serait probablement pas la même.

Enzo Ferrari pilote.

Francesco Baracca et l'origine de l'emblème du cheval cabré.

Les pilotes Alfa Romeo: Enzo Ferrari (1e à gauche), Tazio Nuvolari (4e) et Achille Varzi (6e).

Benito Mussolini à bord d'une Alfa Romeo.