Les débuts de la course automobile

 

 

   Les années 30 furent fertiles pour l'apparition des bons pilotes comme mentionnés à la page précédente, elles furent surtout marquées par la préoccupation par rapport à la sécurité de ces voitures qui devenaient de plus en plus puissantes et c'est l'accident mortel de Antonio Ascari, de Dario Resta et des américains Jimmy Murphy et Joy Boyer qui en fit réfléchir plus d'un. Plusieurs règlements dont les dimensions des moteurs furent adoptés par l'A.I.A.C.R. (Association Internationale des Automobiles Clubs Reconnus) car certains atteignaient la vitesse folle de 240 km/h, ce qui était beaucoup pour ces voitures peu stables.

Le 1 janvier 1934, les nouveaux règlements promulgués par l'A.I.A.C.R. furent les suivants:

  1. Une distance maximale de course de 500 km.
  2. Aucune limite pour la taille du moteur.
  3. Un poids maximal pour la voiture de 750 Kg, n'incluant pas les pneus, le carburant, l'huile, l'agent de refroidissement et le pilote.
  4. Les voitures doivent avoir un cockpit qui possède un espace minimal de 85 x 25 cm au niveau du siège du pilote.

 Les meilleures voitures furent Mercedes, Bugatti et Alfa Romeo qui se retira et passa le flambeau à la future grande Scuderia Ferrari. Les meilleurs pilotes de l'époque furent le grand Tazio Nuvolari, Achille Varzi, Louis Chiron et Rudolph Caracciola.

 

Aston Martin Strasbourg 1922 Achille Varzi Achille Varzi Achille Varzi
Manfred Von Brauchitsch Manfred Von Brauchitsch Hans Stuck Hans Stuck

 

    C'est Bugatti qui domina la course automobile au début des années 1930 avec sa fameuse Type 51, qui ressemblait beaucoup à la Bugatti Type 35, mais elle possédait un nouveau moteur 8 cylindres 2.3 litres de 180 CH à double arbre à cames en tête; ainsi qu'Alfa Romeo avec les 8c 2300 et P3 (Tipo B) qui remporte entre autre 6 des 8 grandes épreuves de 1933. C'est lors de cette année que l'équipe officielle Alfa Romeo sera confiée à Enzo Ferrari, et aussi que l'on verra apparaître une nouvelle marque qui fera des ravages un peu plus tard : La Maserati.

La Bugatti Type 51 Alfa Roméo 8c 2300 Alfa Roméo P3 La Maserati 8CM

   L'arrivée d'Adolf Hitler au pouvoir en 1933 eut une très grande influence sur l'évolution rapide de la technologie, de la puissance, de la vitesse et du spectacle de la course. En effet, le gouvernement allemand a augmenté considérablement les subventions à Mercedes-Benz et Auto Union dans le seul but de promouvoir la suprématie technologique de son régime par la course automobile. On vit ainsi une période de domination totale des équipes allemandes avec les Mercedes W25 (8 cylindres 3.4 litres de 314 CH placé à l'avant, avec suspension à 4 roues indépendantes) et l'Auto Union type A crée par Ferdinand Porsche en 1934 (avec son énorme moteur V16 4.4 litres de 295 CH placé à l'arrière centre), avec les pilotes Manfred von Brauchitsch, Rudolph Caracciola et Luigi Fagioli pour Mercedes; sans oublier Achille Varzi et Hans Stuck pour Auto Union. Ces deux constructeurs se sont partagé 54 victoires sur 63 grands prix. Les grandes innovations de cette période furent les moteurs suralimentés de 500 chevaux et atteignant des vitesses de 400 km/h (aujourd'hui les voitures de F1 atteignent des vitesses de pointe d'un peu plus de 350 km/h en situation de course) et l'apparition des panneaux de communication aux pilotes aux abords de la piste (invention d'Alfred Neubauer).
Adolf Hitler en Yougoslavie La Mercedes W25 Auto Union Type A
Peugeot 1923 Bentley 1931 Auto-Union type C
Auto-Union type C Auto-Union type D Auto-Union type D
1933 Bugatti T37 Bugatti T37 Achille Varzi Bugatti T59

   La classique de l'époque était la fameuse course du Nürburgring d'Allemagne qui est un circuit de presque 23 km comprenant 176 virages (le plus long aujourd'hui est celui de Spa Francorchamps en Belgique qui fait 7 km) qui existe toujours aujourd'hui mais il n'est plus utilisé pour la F1; on utilise un circuit de 4,5 km du même nom qui est en périphérie de l'ancien. Ce circuit est tellement long qu'il arrivait qu'un coureur soit isolé pendant toute la course sans voir d'autres voitures car à l'époque on partait avec assez d'essence sans devoir faire d'arrêt aux puits.

Mercedes GP 1908 Mercedes SSK1 1931 Mercedes W25 1934 Mercedes W125 1937
Mercedes W125 1937

 

Mercedes W154 1938

 

Mercedes W163 1939

 

Mercedes W165 1939

 

   La Mercedes W25 (avec son nouveau moteur 4.3 litres de 402 CH) domine l'année 1935 en remportant 8 victoires contre 2 pour l'Auto Union Type B et 1 pour l'Alfa Romeo P3. La Mercedes W25 dominera également l'année 1936 avant passer le relais à l'Auto Union Type C (avec son moteur de 6 litres de 520 CH) en 1937 avec 5 victoires. Cette domination en alternance entre Mercedes et Auto Union continuera jusqu'au deuxième grand conflit mondial en 1939.

Auto Union Type B Auto Union Type C Auto Union Type D

   Les constructeurs français n'avaient pas les moyens de suivre les équipes allemandes qui étaient fortement appuyées par toute une nation, sauf pour ce qu'il leur restait d'abordable : les épreuves d'endurance. Ainsi les Bugatti Type 57, 57S, 57C et 35, la Delahaye 135 et la Delage D6 dominent des circuits comme les 24 heures du Mans et le Rallye Monte-Carlo jusqu'en 1939. Par contre, les allemands ont instauré durant cette période, un élément qui dominera beaucoup plus tard le monde de la F1 : l'aérodynamisme. Ce sont des firmes comme Adler (avec les Trumpf-Stromlinie et Reichs-Autobahn-Wagen), Mercedes-Benz (avec la SSKL carénée comme une torpille) et BMW (la 328 carrossée par le Milanais Touring). Du côté français, seul Bugatti se préoccupe de l'aérodynamisme entre autre avec son "Tank", avec lequel Jean Bugatti se tuera sur une route d'Alsace en 1939.

Affiche du Rallye de Monte-Carlo
La Bugatti 57-57C La Bugatti 57S La Bugatti Tank
La Delahaye 135 La Delage D6 La Mercedes-Benz SSKL
La Adler Trumpf-Stromlinie La Adler Reichs-Autobahn-Wagen La BMW 328

   Cette période verra les épreuves européennes suspendues mais pas aux États-Unis alors qu'aux 500 milles d'Indianapolis, on poursuivra les épreuves mais avec en vedette en autre, des voitures des forces de l'Axe comme les Maserati qui domineront ce circuit en 1939 et 1940.

La Maserati 8CTF dominera Indianapolis durant 2 ans

 

Petite anecdote

   En 1934 au grand prix du Nürburgring, à la veille du grand prix on déclare l'une des Mercedes engagées non conforme car la voiture avait un excédent de 1 kg (751 kg au lieu du 750 kg permis). Le personnel de Mercedes s'est cassé la tête toute la nuit afin de trouver une solution mais toutes les pièces de la voiture étaient nécessaires sauf la peinture. On a donc décapé la voiture et ainsi sauvé 1 kg sur le poids total; la voiture était conforme. Le résultat donnait une voiture gris métallique qui gagna le grand prix. La légende des flèches d'argent était née.

 

   La domination allemande s'est donc poursuivie jusqu'à la seconde guerre mondiale mais la course automobile dû attendre 1948 avant d'être vraiment remise sur pied. Les voitures comme les Talbot, Delage, Delahaye, Maserati, Alfa Romeo et ERA, étaient composées de châssis d'avant-guerre reconditionnées ou faites à partir de modèles périmés comme l'Alfa Romeo "Alfetta" dérivée du Type 158 de 1938. 1948 fut une année charnière ou l'on vit la dernière grande course et victoire de Nuvolari à l'age de 56 ans (il cracha du sang tout le long de la course car ses poumons étaient détruits par l'inhalation des gaz toxiques des années durant); on vit également disparaître Varzi qui se tua lors d'une séance d'essais à Berne mais ce fut cette année où l'on vit apparaître le futur grand champion argentin Juan Manuel Fangio (5 championnats du monde); la course automobile allait trouver un nouvel idéal.

 

Alfa Romeo Alfetta 158

 

Page précédente

 Page d'accueil

1950, les débuts de la Formule 1

Rétrospectives
1930 1931 1932 1933 1934 1935 1936 1937 1938 1939
1940 1941 1942 1943 1944 1945 1946 1947 1948 1949